C'est ma mère qui a déclenché une partie de moi qui dormait. À dix ans elle m'offre une boîte pour faire des photogrammes. Je me régale à placer les feuilles de papier sous la lumière, à les tremper dans le révélateur. Passée la période de fascination pour l'objet, la photo s'installe durablement dans mon esprit. Depuis je conserve cette approche de jeu et de bricolage. À treize ans j'achète un boîtier réflex de marque Zénith avec son objectif de 58 mm. Je fais mes premières photos « professionnelles » à seize ans (1980) pour la compagnie de danse de la nouvelle femme de mon père. Plus tard, en 2006, à l'arrivée du numérique dans mon champ de travail, je bricole un système pour projeter mes photos en temps réel sur un écran. S'en suit une série de performances entre la danse et la photographie que je mets ainsi sur scène. Ce « système » m'amène à Bethléem, en Cisjordanie, où je l'utilise dans le cadre d'une installation de rue. À cette occasion je raconte des histoires au public en le prenant en photo en temps réel. C'est par cette porte que l'envie d'écrire est née. Mon livre sur la Palestine fait déjà 330 pages de photos et de textes. Il sera édité prochainement. Au fil du temps, je réalise que ce qui relie mes différents travaux, c'est une approche sensible de l'invisible. Pourtant la photo a été inventée pour montrer le réel. Je passe mon temps à essayer de comprendre cette contradiction. Ma quête se situe entre les lignes visibles et invisibles de la lumière.